Salut les p'tits loups (ah, vous êtes que deux?!)
Nouvelle année, nouveaux projets. Après une année 2012 riche en
rebondissements et grandes décisions - qui ne m'ont pas permis
d'alimenter ce blog alors orphelin - je reviens à la charge pour
vous faire découvrir encore et toujours des recettes, des idées de
resto, des films d'actualité ou non, bref, tout ce qui nous change
les idées, nous ouvre à autre chose, nous réunit!
Pour bien démarrer l'année, j'aimerais causer un peu d'un film
qui m'a tourneboulée. Un de ces films "passion",
romantiques mais qui proposent également une vision d'une histoire
méconnue. Je veux bien sur parler de Sisi face à son destin...
Non?
Bon très bien, trêve de plaisanterie : Royal Affair,
film danois (enfin, "dano-suedo-tchèque") sorti fin
novembre 2012 relate l'histoire réelle du docteur Johann Friedrich
Struensee qui, en 1770 s'immisca, sur l'impulsion d'aristos déchus
de la cour, dans l'entourage proche du roi du Danemark, Christian
VII. Révolutionnaire dans l’âme, il est l'auteur de nombreux
pamphlets contre la monarchie et milite pour des reformes anti
esclavage, anti torture etc... Il rencontrera la reine, Caroline
Mathilde, jeune femme venue d'Angleterre pour épouser très jeune
Christian et qui, délaissée et régulièrement ridiculisée,
barbote dans une mélancolie anxiogène. Cette jeune femme au
caractère pourtant bien trempé, a du accepter de renoncer à ses
lectures, alors interdites au Danemark et à assumer d'être l'épouse
d'un homme aux mœurs légères et à la conduite constamment
inappropriée (il sera par la suite diagnostiqué schizophrène). Par
l'intermédiaire de Struensee, qu'elle rejette d'abord au regard de
l'influence grandissante qu'il opère sur le roi et de son caractère
brut, elle renouera avec ses propres idées révolutionnaires,
dissidentes et entamera une relation passionnelle avec le
docteur. Cela aura bien sur des conséquences lourdes car hormis
cette relation interdite, Struensee renforcera son influence sur le
roi devenu son « ami » jusqu'à le pousser à dissoudre
son conseil, à n'y siéger qu'avec lui et à pouvoir même signer
des reformes en son nom : il abolira notamment la servitude, la
torture et supprimera la censure. Bien entendu, le docteur finira la
tête tranchée, ses lois retirées alors que l'ancien conseil
reprend la main sur le roi et la reine sera mise en exil, loin de ses
enfants. Des années plus tard, le fils qu'elle aura eu avec le roi
Christian organisera un putsch pour remettre son père aux rênes du
pouvoir et plusieurs des réformes de Struensee seront promulguées à
nouveau.
Ce film apporte enfin une grande bourrasque d'émotions. Ce n'est
pas un déballage de grandes déclarations entre deux amoureux fous,
bien au contraire. La force de ce film réside dans les regards -
souvent mis en valeur dans le cinéma danois - les échanges
silencieux et les discours en demi teinte. Le réalisateur et les
acteurs ont une justesse extrême dans la manière de peindre ces
personnages. De Mikkel Boe Folsgaard (l’Ours d’argent du meilleur acteur à la Berlinale 2012) qui joue Christian - magistral
dans ce rôle d'un roi fou incapable d'assumer ses fonctions,
manipulé par son conseil et ne cherchant qu'à forniquer et jouer
avec son chien (dissocions bien les deux actions) - à Alicia Vikander - superbe jeune reine ébréchée
et aigrie qui peu à peu trouvera un bonheur interdit jusqu'à
basculer à nouveau dans sa noirceur - en passant par Cyron Bjorn
Melville - jeune aristocrate qui suivra Struensee jusqu'à la potence
- les acteurs portent ce film sobre dans sa réalisation (voir un peu
trop propre peut être) et lui confère toute cette passion dont je
vous rabat les oreilles depuis le début de cette note.
Mads Mikkelsen joue le docteur Struensee, et je dois avouer que
mon jugement peut ne pas être très objectif. Mis à part son
charisme énorme – je l'ai quand même repéré dans Le roi Arthur
d'Antoine Fuqua où il joue une caricature de guerrier sarmate
mystérieux et sanguinaire – il m'a prouvé (oui parce que je
m'imagine que lorsqu'il joue, il pense à moi et à tout ce qu'il
doit me démontrer...) à maintes reprises son talent pour une
composition toute en retenue mais diablement efficace. Voyez Casino
Royal, le premier James Bond avec Daniel Craig (d'ailleurs, en
bizutage, pas cool la castration), où il incarne un vilain pas beau
effrayant de froideur et de violence, voyez aussi After the wedding,
film danois, où il joue le rôle d'un homme altruiste vivant en Inde
et revenant au pays pour y découvrir son ex et sa fille – inconnue
– traversant une crise familiale dans laquelle il va les épauler.
Découvrez enfin Valhalla rising (ou Le guerrier silencieux), heu,
trip hallucinatoire à base de vikings, d'indiens, de longue
traversée en Drakkar, dans lequel il prête tout son charisme à
One-Eye, guerrier, silencieux et borgne donc. Tenez, lorgnez même
vers la bouse intersidérale qu'est Le choc des titans où il incarne
Draco : pour moi il vole la vedette à l'égérie d'Avatar et sauve
quelques séquences... non en fait impossible, ce film est vraiment
trop mauvais, Mads devait avoir besoin d'argent. Enfin, et je
m'excuse pour ce déballage, courrez découvrir Les bouchers verts!!!
Un film Danois, encore, où il joue le rôle d'un boucher, donc, un
peu malade dans sa tête et qui va faire prospérer sa boucherie
d'une bien curieuse manière.
Mads Mikkelsen est donc capable de jouer des rôles bêtes et
méchants dans des grosses productions tout en conférant une
certaine profondeur à son personnage – pas grâce aux trois lignes
de description dans le scenario – et d'incarner des personnages
diaboliques et effrayant tout en donnant vie à d'autres beaucoup
plus nuancés, beaux, complexes.
Souvent j'entends autour de moi : « un film danois? Bah! Il
va encore rien se passer pendant deux heures ». Il est vrai que
ces films sont souvent assez contemplatifs. Valhalla Rising est très
particulier, j'ai même eu du mal à le voir, et les échanges entre
les personnages sont souvent retenus, silencieux. Mais cela confère
aux rares moments de rupture une intensité folle. Voyez par exemple
l'embrassade brute et sans préavis de la reine Mathilde et du
docteur Struensee dans les alcôves du palais, cédant à la pulsion
qui naquit lors de regards et d'une seule danse, ou encore leur
réunion autour de leur nouveau-né – dont tout le monde pense bien
sur que son père est le roi – et où Caroline annonce qu'ils sont
une famille alors que le docteur, très stoïque face à ses
détracteurs et même au roi, témoigne d'une vive émotion.
Il est difficile de mettre des mots sur l'intensité de telle ou
telle situation mais j'espère vous avoir donné envie de découvrir
Royal Affair mais également les autres films mentionnés.
Bons films et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!
Rubrique pratique – les films à découvrir dans l'ordre de mes préférences :
Les bouchers verts http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18374004&cfilm=57423.html |
After the wedding http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18721500&cfilm=111566.html |
Casino Royal
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18604811&cfilm=58525.html
|
Coco Chanel et Stravinsky http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18892392&cfilm=138013.html |
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