jeudi 17 janvier 2013

C'est une affaire royale !

Salut les p'tits loups (ah, vous êtes que deux?!)
Nouvelle année, nouveaux projets. Après une année 2012 riche en rebondissements et grandes décisions - qui ne m'ont pas permis d'alimenter ce blog alors orphelin - je reviens à la charge pour vous faire découvrir encore et toujours des recettes, des idées de resto, des films d'actualité ou non, bref, tout ce qui nous change les idées, nous ouvre à autre chose, nous réunit!

Pour bien démarrer l'année, j'aimerais causer un peu d'un film qui m'a tourneboulée. Un de ces films "passion", romantiques mais qui proposent également une vision d'une histoire méconnue. Je veux bien sur parler de Sisi face à son destin...


Non?


Bon très bien, trêve de plaisanterie : Royal Affair, film danois (enfin, "dano-suedo-tchèque") sorti fin novembre 2012 relate l'histoire réelle du docteur Johann Friedrich Struensee qui, en 1770 s'immisca, sur l'impulsion d'aristos déchus de la cour, dans l'entourage proche du roi du Danemark, Christian VII. Révolutionnaire dans l’âme, il est l'auteur de nombreux pamphlets contre la monarchie et milite pour des reformes anti esclavage, anti torture etc... Il rencontrera la reine, Caroline Mathilde, jeune femme venue d'Angleterre pour épouser très jeune Christian et qui, délaissée et régulièrement ridiculisée, barbote dans une mélancolie anxiogène. Cette jeune femme au caractère pourtant bien trempé, a du accepter de renoncer à ses lectures, alors interdites au Danemark et à assumer d'être l'épouse d'un homme aux mœurs légères et à la conduite constamment inappropriée (il sera par la suite diagnostiqué schizophrène). Par l'intermédiaire de Struensee, qu'elle rejette d'abord au regard de l'influence grandissante qu'il opère sur le roi et de son caractère brut, elle renouera avec ses propres idées révolutionnaires, dissidentes et entamera une relation passionnelle avec le docteur. Cela aura bien sur des conséquences lourdes car hormis cette relation interdite, Struensee renforcera son influence sur le roi devenu son « ami » jusqu'à le pousser à dissoudre son conseil, à n'y siéger qu'avec lui et à pouvoir même signer des reformes en son nom : il abolira notamment la servitude, la torture et supprimera la censure. Bien entendu, le docteur finira la tête tranchée, ses lois retirées alors que l'ancien conseil reprend la main sur le roi et la reine sera mise en exil, loin de ses enfants. Des années plus tard, le fils qu'elle aura eu avec le roi Christian organisera un putsch pour remettre son père aux rênes du pouvoir et plusieurs des réformes de Struensee seront promulguées à nouveau.

 

La bande annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19370532&cfilm=143759.html

Ce film apporte enfin une grande bourrasque d'émotions. Ce n'est pas un déballage de grandes déclarations entre deux amoureux fous, bien au contraire. La force de ce film réside dans les regards - souvent mis en valeur dans le cinéma danois - les échanges silencieux et les discours en demi teinte. Le réalisateur et les acteurs ont une justesse extrême dans la manière de peindre ces personnages. De Mikkel Boe Folsgaard (l’Ours d’argent du meilleur acteur à la Berlinale 2012) qui joue Christian - magistral dans ce rôle d'un roi fou incapable d'assumer ses fonctions, manipulé par son conseil et ne cherchant qu'à forniquer et jouer avec son chien (dissocions bien les deux actions) - à Alicia Vikander - superbe jeune reine ébréchée et aigrie qui peu à peu trouvera un bonheur interdit jusqu'à basculer à nouveau dans sa noirceur - en passant par Cyron Bjorn Melville - jeune aristocrate qui suivra Struensee jusqu'à la potence - les acteurs portent ce film sobre dans sa réalisation (voir un peu trop propre peut être) et lui confère toute cette passion dont je vous rabat les oreilles depuis le début de cette note.



Mads Mikkelsen joue le docteur Struensee, et je dois avouer que mon jugement peut ne pas être très objectif. Mis à part son charisme énorme – je l'ai quand même repéré dans Le roi Arthur d'Antoine Fuqua où il joue une caricature de guerrier sarmate mystérieux et sanguinaire – il m'a prouvé (oui parce que je m'imagine que lorsqu'il joue, il pense à moi et à tout ce qu'il doit me démontrer...) à maintes reprises son talent pour une composition toute en retenue mais diablement efficace. Voyez Casino Royal, le premier James Bond avec Daniel Craig (d'ailleurs, en bizutage, pas cool la castration), où il incarne un vilain pas beau effrayant de froideur et de violence, voyez aussi After the wedding, film danois, où il joue le rôle d'un homme altruiste vivant en Inde et revenant au pays pour y découvrir son ex et sa fille – inconnue – traversant une crise familiale dans laquelle il va les épauler. Découvrez enfin Valhalla rising (ou Le guerrier silencieux), heu, trip hallucinatoire à base de vikings, d'indiens, de longue traversée en Drakkar, dans lequel il prête tout son charisme à One-Eye, guerrier, silencieux et borgne donc. Tenez, lorgnez même vers la bouse intersidérale qu'est Le choc des titans où il incarne Draco : pour moi il vole la vedette à l'égérie d'Avatar et sauve quelques séquences... non en fait impossible, ce film est vraiment trop mauvais, Mads devait avoir besoin d'argent. Enfin, et je m'excuse pour ce déballage, courrez découvrir Les bouchers verts!!! Un film Danois, encore, où il joue le rôle d'un boucher, donc, un peu malade dans sa tête et qui va faire prospérer sa boucherie d'une bien curieuse manière.
Mads Mikkelsen est donc capable de jouer des rôles bêtes et méchants dans des grosses productions tout en conférant une certaine profondeur à son personnage – pas grâce aux trois lignes de description dans le scenario – et d'incarner des personnages diaboliques et effrayant tout en donnant vie à d'autres beaucoup plus nuancés, beaux, complexes.
Souvent j'entends autour de moi : « un film danois? Bah! Il va encore rien se passer pendant deux heures ». Il est vrai que ces films sont souvent assez contemplatifs. Valhalla Rising est très particulier, j'ai même eu du mal à le voir, et les échanges entre les personnages sont souvent retenus, silencieux. Mais cela confère aux rares moments de rupture une intensité folle. Voyez par exemple l'embrassade brute et sans préavis de la reine Mathilde et du docteur Struensee dans les alcôves du palais, cédant à la pulsion qui naquit lors de regards et d'une seule danse, ou encore leur réunion autour de leur nouveau-né – dont tout le monde pense bien sur que son père est le roi – et où Caroline annonce qu'ils sont une famille alors que le docteur, très stoïque face à ses détracteurs et même au roi, témoigne d'une vive émotion.
Il est difficile de mettre des mots sur l'intensité de telle ou telle situation mais j'espère vous avoir donné envie de découvrir Royal Affair mais également les autres films mentionnés.

Bons films et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!


Rubrique pratique – les films à découvrir dans l'ordre de mes préférences :


Les bouchers verts http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18374004&cfilm=57423.html
After the wedding http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18721500&cfilm=111566.html
Casino Royal http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18604811&cfilm=58525.html

Valhalla Rising http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18952242&cfilm=131751.html
Coco Chanel et Stravinsky http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18892392&cfilm=138013.html

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